LA PEAU ...
II/
LA PEAU
1/ Constitution de la peau et phénomène de cicatrisation
La peau est constituée de 3 couches superposées : l’épiderme, le derme et l’hypoderme.
»» L’ÉPIDERME
En contact direct avec l’extérieur, il associe souplesse, imperméabilité et résistance.
Pour éviter un passage direct entre justement l’extérieur et l’intérieur du corps, l’épiderme est
dépourvu de vaisseaux sanguins (ainsi, lors d’une coupure superficielle, seule une fine pellicule
de peau se détache et il n’y a pas de saignement).
L’épiderme est constitué de 4 régions différentes que l’on distingue au microscope électronique.
• La couche basale, la plus profonde :
Au contact du derme, elle est composée d’une couche unique de cellules, les kératinocytes, qui
se multiplient rapidement et dont le rôle est de renouveler le contingent des cellules cutanées.
On trouve aussi dans cette couche les cellules mélanocytaires, ou mélanocytes, qui fabriquent
un pigment spécifique appelé mélanine, permettant de protéger la peau des rayons du soleil.
La mélanine est produite spontanément dans le cas des peaux de couleur et suite à la
stimulation par les rayons du soleil pour les peaux claires. Plus il y a de grains de mélanine dans
les kératinocytes, plus la peau est foncée.
Cette couche abrite également certaines cellules du système de défense de l’organisme (cellules
de Langerhans). Leur rôle est de capturer les corps étrangers (virus, bactéries, allergènes…), de
les digérer et d’aller en présenter certains composants à des cellules spécialisées de défense
(lymphocytes).
• La couche de Malpighi (ou couche épineuse) :
Elle est constituée de la superposition de 4 à 5 épaisseurs de kératinocytes liés entre eux. Cet
accrochage étroit favorise la fonction d’imperméabilité de la peau.
Progressivement, dans leur mouvement de l’intérieur vers l’extérieur, les cellules accumulent
la mélanine et se chargent en grains de kératine qui joue un rôle important dans la fonction de
barrière du revêtement cutané.
• La couche granuleuse :
A ce stade, les cellules remplies de kératine se rapprochent de la surface de la peau et
commencent à dégénérer et à se déstructurer.
• La couche cornée :
C’est la couche la plus superficielle de la peau. Les cellules devenues plates et translucides sont
mortes et forment une couche résistante et imperméable.
»» LE DERME
Situé sous l’épiderme, il constitue la partie résistante de la peau. Son épaisseur varie suivant les
zones et peut atteindre jusqu’à 1 cm au niveau du dos. Composé à 80 % d’eau, il est très riche en
fibres d’élastine et de collagène ; il est donc à la fois solide, souple et élastique.
Des muscles, dits peauciers, viennent s’y attacher. Ils soutiennent le revêtement cutané dans
certaines zones comme les seins ou le cou.
C’est également dans le derme que se trouvent la plupart des éléments annexes de la peau :
poils, glandes sudoripares qui fabriquent la sueur, glandes sébacées qui fabriquent le sébum
Schéma de la peau vue en coupe
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et vaisseaux sanguins qui apportent nutriments et cellules de défense. Le derme sert ainsi de
couche nourricière à l’épiderme.
• Un tissu riche en collagène et élastine
En effet, pour maintenir la souplesse et la résistance de la peau, des cellules spécialisées du
derme fabriquent en permanence du collagène (conférant à la peau sa résistance aux tensions
et à la traction) et de l’élastine qui permet à la peau de s’étirer et de revenir en place après
déformation.
• Un gel hydrophile
On trouve dans le derme des mucopolysaccharides qui constituent un gel capteur d’eau dans
lequel baignent collagène et élastine. Les 80 % d’eau dont est constituée la peau sont retenus
par ces molécules qui agissent un peu comme des éponges, permettant à la peau de rester
hydratée.
• Un système de défense
Différents types de globules blancs (lymphocytes, macrophages) sont présents dans les
vaisseaux du derme et constituent la seconde ligne de défense de l’organisme après l’épiderme.
Ces cellules sont capables de repérer, de signaler et éventuellement de détruire les éléments
étrangers qui ont pu pénétrer dans le derme.
• Un système de climatisation précis
Quand une coupure saigne, c’est que le derme est atteint. De très nombreux vaisseaux de taille
minuscule courent à l’intérieur de cette couche de la peau. Ils apportent les éléments nutritifs
et l’oxygène nécessaires à la vie des cellules cutanées.
Les petites artères sont pourvues d’un système musculaire complexe qui permet d’en réduire
le diamètre pour ajuster leur débit. Ce système joue un rôle clé dans la régulation de la
température du corps. Si la température centrale du corps est trop élevée, les muscles des
artérioles se relâchent, le débit sanguin est augmenté et la possibilité d’échange thermique
avec l’extérieur est accentuée. La peau est plus rouge et la transpiration permet d’évacuer les
calories en excès.
À l’inverse, quand il fait froid, pour conserver une température centrale normale et éviter les
déperditions de chaleur, les vaisseaux se contractent et moins de sang circule sous la peau. Les
échanges thermiques diminuent, la peau est plus blanche.
• Un organe des sens
C’est dans le derme enfin que se trouvent les éléments nerveux qui font de la peau l’organe
du toucher. De nombreuses terminaisons nerveuses sensitives se trouvent dans le derme et
se fraient un chemin jusqu’à l’épiderme. Les autres fibres nerveuses se terminent par des
renflements spécialisés permettant de discerner diverses sensations : le toucher, le chaud, le
froid ou la pression.
»» L’HYPODERME
C’est un tissu de soutien souple et déformable dont le rôle est de servir d’interface entre la peau
et les organes qu’elle recouvre (muscles, os…).
Il est très riche en cellules graisseuses (adipocytes) et en fibroblastes.
L’hypoderme est présent sur tout le corps sauf au niveau des oreilles, des paupières et des
organes génitaux externes masculins. Il est particulièrement épais au niveau des parties du
corps soumises à des pressions importantes comme les talons ou les fesses.
L’hypoderme joue également un rôle de réserve énergétique. La graisse contenue dans les
adipocytes peut être mobilisée sous forme d’énergie en cas d’effort intense ou prolongé ou
de jeûne. L’hypoderme participe à la régulation thermique, la graisse jouant un rôle d’isolant
passif, en réduisant les échanges de température avec l’extérieur.
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! GRAIN DE BEAUTÉ
Le grain de beauté, ou naevus, résulte de la multiplication et du regroupement de mélanocytes
normaux. Il s’agit d’une tumeur bénigne qui peut apparaître à tout moment de la vie, sous forme d’une
petite lésion bien délimitée, de couleur chamois clair à brun foncé, voire bleue, plane ou surélevée en
jaune d’oeuf, poilue ou non et localisée sur n’importe quelle zone de la peau. On en trouve cependant
un plus grand nombre sur le dos, la face externe des bras, la poitrine, les cuisses et les jambes.
Certains grains peuvent dégénérer et, rarement, se transformer en cancer (mélanome).
Un grain de beauté qui apparaît ou qui se modifie : grossit, se décolore, dont la forme ou la couleur
devient irrégulière, saigne, s’épaissit,… doit être montré à un médecin qui jugera s’il est opportun, ou
non, de procéder à son ablation chirurgicalement.
Le soleil est le principal facteur de risque de dégénérescence et il est préférable de limiter les
expositions aux rayons solaires ou de se protéger le plus possible tout au long de la vie ; ce conseil
est d’autant plus valable pour les personnes ayant une peau claire qui attrape facilement des coups
de soleil et bronze peu.
Attention aux grains de beauté qui :
- Apparaissent dans les 6 premiers mois de la vie, surtout s’ils sont de grande taille.
- Se modifient rapidement : taille augmentée, bords irréguliers, coloration modifiée, saignement,
apparition d’une douleur.
»» LES ANNEXES
• Le poil, pour chauffer
Le corps humain compte environ 5 millions de poils dont 1 million sur l’extrémité céphalique et
100 000 sur le cuir chevelu. Poils et cheveux poussent en moyenne de 0,3 mm par jour et sont
plus nombreux chez les sujets blancs.
La quasi totalité (exception faite de la plante des pieds et de la paume des mains) de la surface
cutanée est recouverte de poils, à raison d’une dizaine par centimètre carré. Suivant leur
localisation, les poils sont plus ou moins gros et plus ou moins transparents.
Le poil est une structure fine et flexible formée de kératine. Chaque poil a une tige et une
racine. Le poil nait dans le derme et forme autour de sa racine une gaine appelée follicule
pileux. La tige, morte, traverse ensuite l’épiderme avant de sortir de la peau.
Il est centré à sa base par une petite pelote de vaisseaux qui lui apportent les nutriments et
l’oxygène utiles à son bon fonctionnement.
La couleur du poil est due aux mélanocytes qui, en déposant plus ou moins de pigment, donnent
les nuances de coloration.
Les poils jouent un rôle important dans la régulation de la température du corps.
Un muscle minuscule est fixé à la base de chaque poil, des millions de ces muscles pouvant
se contracter ensemble. Chaque contraction dégage une énergie thermique qui, multipliée
par plusieurs millions, représente un dégagement de chaleur capable de faire monter la
température du corps de quelques fractions de degré. Le phénomène est connu sous le nom de
« chair de poule ». Lorsque tous les muscles se contractent, les poils se hérissent et la peau est
couverte de petites bosselures.
• La glande sébacée, pour graisser la peau
Accrochée à la racine de la plupart des poils, on trouve une petite glande capable de fabriquer
un liquide graisseux, le sébum, qui s’écoule le long de la base du poil, recouvre la surface de la
peau et en complète ainsi la protection et la résistance à la pénétration de l’eau. Cette glande
apparaît à la puberté et, lorsqu’elle ne fonctionne pas bien, peut être responsable d’acné.
• La glande sudoripare, pour rafraîchir
Ces glandes, que l’on trouve essentiellement au niveau des aisselles et du cuir chevelu,
sécrètent la sueur et ont un rôle primordial dans la lutte contre la chaleur.
Quand la température du corps s’élève, la sueur s’évapore à la surface de la peau. Lorsqu’une
molécule d’eau passe de l’état liquide à celui de vapeur, elle absorbe un peu de chaleur qui
s’éloigne ainsi du corps. La température de la peau chute, celle des vaisseaux également et le
corps se refroidit.
Schéma d’un follicule pilo-sébacé vu en coupe
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• L’ongle pour protéger, prendre et agresser
Situé à la partie supérieure des extrémités des doigts et des orteils, l’ongle se présente comme
une plaque dure, flexible, lisse et translucide qui épouse la forme du doigt. Il pousse d’environ
0,1 mm par jour et est essentiellement constitué de plusieurs couches de kératine très dures.
»» LA CICATRISATION
La peau possède une capacité d’autoréparation. Lorsqu’une agression rompt la continuité de la
barrière cutanée, un processus de cicatrisation se met en place. Il permet de rétablir l’intégrité
de la barrière cutanée en une semaine environ dans le cas de plaies légères.
La cicatrisation est un phénomène naturel mais de nombreux facteurs jouent sur la rapidité et
la qualité, tels que l’âge et l’état général de l’individu, la cause de la lésion, sa profondeur ou
sa localisation.
• A chaque individu sa cicatrice
Il n’y a pas de règle générale en ce qui concerne la cicatrisation. Chaque individu possède sa
propre façon de cicatriser et celle-ci peut évoluer dans le temps. Il est donc difficile, voire
impossible, de prédire la qualité d’une cicatrice.
• Des facteurs favorisants
Une plaie est d’autant plus simple à guérir que ses bords en sont nets et proches, qu’il n’y a
pas de perte de tissu cutané ou de tension cutanée et qu’elle ne contient aucun corps étranger.
Certains éléments comme la présence de débris dans la lésion, l’oedème et les hématomes
peuvent ralentir la cicatrisation. L’impact d’une infection locale est évidemment néfaste sur le
processus de réparation de la peau.
• Les cicatrices chéloïdes
La chéloïde est une boursouflure de peau un peu plus foncée à l’endroit d’une cicatrice et
elle est due à une hyperactivité de la peau. Ainsi une cicatrice qui met du temps à se former
prédispose à une chéloïde.
En pratique, les facteurs de croissance des cellules en charge de l’élasticité de la peau
(fibroblastes) sont produits en trop grande quantité, engendrant une importante production de
tissu de peau autour de la plaie. Les personnes à peau noire ou asiatique sont les plus exposées.
Leur peau a en effet parfois un processus de cicatrisation anormal avec la formation de
cicatrices visibles en général, foncées la plupart du temps, mais surtout épaisses et dures,
appelées cicatrices chéloïdes (« chair poussante » aux Antilles). Elles touchent notamment le
menton, les lobes des oreilles, le cou, les épaules, la poitrine et le haut du dos.
Les cicatrices chéloïdes peuvent être source de douleur ou de démangeaison, mais surtout à
l’origine d’une gêne esthétique, si la zone est visible.
Le plus souvent, elles sont traitées par injection de corticoïdes dans la cicatrice par le
dermatologue. Généralement, une injection suffit, mais pour les très grosses chéloïdes, il peut
être nécessaire de les faire enlever d’abord par un chirurgien, puis d’injecter des corticoïdes.
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